Entre deux rives



Pour parler du passer, il y a les livres d'histoire et les témoignages. Ru, premier livre de la Vietnamienne Kim Thúy, ne se range dans aucune de ces catégories. Pourtant,, c'est bien quelques pages de l'histoire que l'on peut lire à travers lé récit de sa vie. À l'âge de dix ans, Kim Thúy a quitté son pays natal, grossissant les rangs des milliers de "boat people" à la dérive dans la mer de Chine. Du ventre de sa frêle embarcation jusqu'aux rives de Malaisie, où elle a passé quatre mois dans un camp de réfugiés avant de partir définitivement pour le Canada, sa terre d'adoption aujourd'hui, Kim Thúy ne raconte pas, mais se sert de ses souvenirs, de ses sensations. Grâce à eux, elle effleure de sa plume les événements et s'attarde sur les "détails" qui font la substance de l'existence: du souvenir de sa robe d'été en coton fleuri à la sensation de la terre glaise entre ses orteils nus dans le camp de réfugies, en passant par le bol de soupe fumant du petit-déjeuner vietnamien, Kim Thúy, sur la pointe des pieds, parvient à évoquer ce qui la constitue.


Son héritage vietnamien resurgit au détour d'un geste, d'une odeur, d'une parole et de son quotidien de femme et de mère. "J'oublie les détails de mes sentiments entourant les rencontres. Cependant, je me souviens des gestes éphémères", explique-t-elle.



Giữa hai bờ vực.